On distinguera 4 étapes principales dans la réfection d'un fauteuil, en premier lieu le démontage - étape pour laquelle il est plus qu'indispensable de prendre un maximum de photographies, non seulement pour garder un souvenir de l'état d'origine, mais surtout pour se rappeler comment étaient montées les différentes pièces, la forme et le galbé de l'assise, du dossier et des accoudoirs, les différentes coutures etc... et pouvoir remonter plus ou moins à l'identique. La durée du démontage est bien sûr variable en fonction de la complexité et des dimensions du fauteuil, une simple chaise ne contenant qu'une assise sera démontée en 2 heures, quand un fauteuil confort avec accoudoirs tout en tissu pourra prendre 2 journées de 8 heures.
Pendant cette étape, il n'y a pratiquement rien à récupérer, pour ma part je ne garde que quelquefois le crin animal et la couche de ouate si ces matériaux sont encore utilisables.
La deuxième étape est le nettoyage et/ou réparation ou Préparation. Cette étape est la plus fastidieuse ou la moins attractive, mais totalement indispensable et dont dépendra le résultat final.
En premier lieu, il faut enlever le plus possible les morceaux de clous ou d'agrafes qui sont restés dans les bois, et qui pourraient géner la pose des nouveaux. Ces clous sont enlevés à l'aide d'arrache clou, de burin, marteau etc... tout en essayant d'endommager le moins possible les bois....qu'il sera dans certains cas nécessaires de réparer (la reconstitution est trés facile avec des bois synthétiques, ou autres bouche trous dans les cas moins importants)
Il arrive souvent que des parties de fauteuils aient été réparées à l'aide d'équerres, barres ou autres vis métalliques pour le moins inesthétiques. Il faut enlever ces renforts divers, et réparer les parties cassées par divers moyens à trouver.
Vient maintenant la 3ème étape, celle du remontage, dite de la réfection, où nous allons tour à tour reconstituer l'assise, le dossier, et pour terminer les accoudoirs s'il y en a. Commençons tout d'abord par l'assise avec en premier lieu la pose des sangles, tendues à l'aide d'un tire-sangle (cet outil est vraîment indispensable) et clouées sur le dessous de la ceinture
Sur les sangles entrecroisées, on vient coudre les ressorts avec la ficelle à piquer, 4 points autour de chaque ressort, le chemin de la couture suivant une ligne "grecque" de façon à minimiser la longueur de ficelle utilisée.
Les ressorts sont mis en tension, de façon à respecter la forme finale qu'aura l'assise du fauteuil. Pour ma part, je fixe la hauteur en me servant de serres-joints fixés sur les bords avant arrière ou latéraux de la ceinture, une barre de bois étant posée sur le où les ressorts dont on veut fixer la hauteur. Les ressorts sont ensuite maintenus en tension à l'aide de fils électriques, puis attachés par des noeuds inversés (pour que la surépaisseur reste en dessous) par la corde à guinder, elle-même clouée sur le dessus de la ceinture.
Cette opération terminée, les fils électriques de tension sont enlevés, laissant apparaître la courbure obtenue.
Sur ces ressorts, on vient poser la toile forte qui constituera la base de la pelote. Une couture sous forme de courbe grecque - identique à celle faite précédemment sur le dessous - permet de maintenir en place les ressorts. Des anneaux en ficelle à piquer sont répartis sur toute la surface, ils vont servir à maintenir les "poignées" de crin végétal qui constituent la pelote. Selon la forme que l'on désire donner à cette pelote d'assise, il sera parfois nécessaire de mettre des anneaux supplémentaires sur les bords de l'entourage de ceinture.
Le travail suivant consiste à fabriquer la nouvelle pelote: à partir de crin végétal que l'on aura au préalable débarassé de quelques défauts contenus (comme des noeuds entre brins ou tiges trop rigides et épaisses), on prépare autant de poignées identiques que d'anneaux cousus sur la toile forte, de longueur allant de 2 à 3 mains selon l'épaisseur de la pelote désirée. Ces nappes ou poignées de crin seront ensuite enroulées autour des anneaux
Une fois ce travail terminé, les "boules" de crin vont être démontées à l'aide des mains ou autres tire-crin, jusqu'à ce que l'on obtienne un matelas homogène: en passant la main sur le dessus du crin, on ne doit pas sentir de trous ou de bosses, toute la surface devant être le plus homogène possible. Si besoin, il sera nécessaire de "recharger" en crin pour obtenir cet aspect régulier au toucher. Lors de cette opération, on a un peu l'impression désagréable de détruire ce qui a été fait précédemment....
2 images de réfection de dossier qui montrent le même travail sur les poignées de crin, et piquage des points de fond avec le carrelet droit
La pelote ainsi constituée va maintenant être recouverte avec de la toile souple. La forme finale de l'assise sera donnée par diverses coutures,dont des points de fond (à l'aide d'une grande aiguille à 2 pointes qui ira prendre le fil à travers les sangles, en faisant attention à ne pas se prendre dans les spires des ressorts), la constitution des bourrelets d'angles, et divers points de renforcement. Cette étape est particulièrement passionnante: on assiste à une renaissance du fauteuil, la forme obtenue provient totalement de là façon dont sont faites ces diverses coutures. Il sera parfois nécessaire de réintroduire du crin, notamment lors de la confection des bourrelets, ceux-ci doivent être pleins. On utilisera différentes aiguilles courbes ou carrelets selon le type de la couture.
dans certains cas, les toiles ne seront ni clouées ni agrafées sur le bois, mais fixées par couture sur des tiges métalliques (accoudoirs et es fauteuils de type bergère).
Les coutures ont permis de donner la forme souhaitée aux pelotes de l'assise ou au dossier.....mais ont en même temps créé des zônes qui ne sont pas plates ou qui n'ont pas le galbe désiré. Ces zônes vont être remplies à l'aide de crin animal maintenu par des coutures faites à la ficelle à piquer.
la dernière étape de la réfection est celle de la mise en blanc. C'est une répétition de ce que sera le recouvrement final, à partir de toile blanche.
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